Paludisme : définir les freins à la protection des femmes enceintes
Quels sont les facteurs d’obstacles à la lutte contre le paludisme chez les femmes enceintes ? C’est ce que doit déterminer Evalmous 2, second volet d’une étude lancée au Bénin en 2016. Financée par L’Initiative et menée par l’IRD avec l’université d’Abomey-Calavi, elle élargit l’analyse à l’échelle du pays.
Gilles Cottrell, chercheur épidémiologiste à l'IRD et Armel Djènontin, entomologiste médical à l'Université d'Abomey-Calavi au Bénin, reviennent, pour L'Initiative, sur ces enjeux.
Gilles Cottrell: L’exposition au parasite en début de grossesse peut provoquer des problèmes placentaires, ce qui aboutit à des faibles poids de naissance, donc à des enfants plus fragiles. Les enfants de mères atteintes sont aussi plus sensibles au parasite.
Armel Djènontin: Le traitement préventif intermittent, contre-indiqué au premier trimestre, n’est administré qu’à partir du quatrième mois. Avant cela, une moustiquaire imprégnée d’insecticide à longue durée d’action est encore plus indispensable que pendant le reste de la grossesse. Au Bénin, les centres de santé les distribuent lors des consultations prénatales.
Armel Djènontin: Réalisée dans la région lacustre du sud du pays, Evalmous 1 a montré que la majorité des femmes enceintes utilisent une moustiquaire. Malheureusement, celle-ci est souvent en mauvais état : d’après les tests en laboratoire, seules 7 % des moustiquaires analysées étaient bio-efficaces, selon les critères de l’OMS.
Gilles Cottrell: Plus alarmant : si 60 % de femmes ont déclaré avoir reçu une moustiquaire neuve au centre de santé, seules 30 % ont déclaré l’avoir utilisée. Si ce non-usage était confirmé, il faudrait une enquête qualitative complète pour l’expliquer.
" Identifier les freins à la protection des femmes enceintes contre le paludisme"
Armel Djènontin: Nous élargissons l’étude pour confirmer (ou infirmer) ces résultats et évaluer la distribution des moustiquaires aux femmes enceintes en nous positionnant dans 12 centres de santé dans tout le pays.
Gilles Cottrell: L’objectif à terme est d’appuyer le Programme national de lutte contre le paludisme du Bénin dans l’établissement du Plan stratégique national 2021, notamment par l’éventuelle révision de la sensibilisation des femmes enceintes. Pourquoi pas en lien avec la formation à la gestion du paludisme des travailleurs de santé communautaires, effectuée dans le cadre de la subvention du Fonds mondial ?