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Anophele stephensi, nouveau vecteur du paludisme en Afrique

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Date de publication : 25 04 2023
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L’Anophele stephensi gagne du terrain en Afrique. Cette espèce d’insectes, originaire d’Asie du Sud et de la péninsule arabique, est porteuse des deux souches les plus mortelles des parasites du genre plasmodium falciparum et vivax –, responsable du paludisme. Elle est apparue dans la Corne de l’Afrique en 2012, à Djibouti, pays qui s’apprêtait à éradiquer la maladie et enregistrait alors seulement 27 cas par an (contre 73 000 en 2020). Depuis, l’Anophele stephensi a également été repérée en Éthiopie, au Soudan, en Somalie et, plus récemment, au Nigeria et au Kenya.

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Les zones urbaines désormais menacées par le paludisme
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L’Anopheles stephensi présente une résistance alarmante à la plupart des insecticides, tels que le DDT et les pyréthroïdes. Cette espèce invasive pourrait menacer les efforts visant à contrôler et à éliminer le paludisme en Afrique. Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la propagation de ce moustique est « une menace potentielle majeure dans la lutte contre le paludisme en Afrique », alors que le fardeau de la maladie y est déjà très lourd : 400 000 personnes en succombent chaque année sur le continent.

Selon une étude de la Liverpool School of Tropical Medicine, l’espèce pourrait menacer 126 millions de personnes en Afrique si elle se propageait dans les grandes villes du continent : c’est ce que craignent particulièrement les spécialistes. Contrairement aux autres moustiques qui prolifèrent surtout près des lacs et des marécages, tel l’Anopheles gambiae, espèce dominante en Afrique, l’Anopheles stephensi tolère la pollution et s’adapte très bien aux différentes conditions climatiques et environnementales. Il a donc la capacité de survivre dans les zones jusqu’alors épargnées, comme les villes, où il prospère dans les eaux stagnantes, notamment dans les récipients de stockage. Il peut ainsi se reproduire toute l’année et rester actif en saison sèche.

Il se distingue également par son comportement. Alors que les autres anophèles africains piquent les humains au cœur de la nuit et généralement à l’intérieur des maisons, stephensi pique plutôt au crépuscule quand l’air est encore chaud et à l’extérieur, ce qui limite l’efficacité des moustiquaires imprégnées d’insecticide. En outre, les autres outils d’intervention, comme la pulvérisation intradomiciliaire à effet rémanent, peuvent ne pas fonctionner pour contenir cette espèce.

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Une espèce de moustiques encore à l’étude
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La riposte s’annonce difficile : le moustique fait encore l’objet de nombreuses études. Il s’agit de mieux comprendre la nouvelle espèce et d’explorer des approches optimales pour surveiller son comportement et contrôler sa propagation dans les zones déjà envahies. « Il est important de souligner que nous ne savons toujours pas jusqu’où cette espèce de moustique s’est déjà répandue, ni quel problème elle représente ou pourrait représenter », rappelle le Dr Jan Kolaczinski, qui dirige l’unité « Lutte antivectorielle et résistance aux insecticides » du programme mondial de lutte contre le paludisme de l’OMS. De fait, bien que sa présence soit fortement corrélée à l’augmentation rapide des cas de paludisme, on ignore dans quelle mesure stephensi pourrait provoquer des poussées de paludisme dans d’autres villes.

Selon une modélisation de 2020 prenant en compte différents paramètres (température, précipitations, etc.), il pourrait s’implanter durablement dans 44 villes africaines de plus d’un million d’habitants comme Bamako, Dakar ou Le Caire. Face à la menace, diverses initiatives sont coordonnées par l’OMS.

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Des pistes d’actions encourageantes pour l’Afrique
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Une de ces initiatives, lancée par l’OMS en septembre 2022, vise à soutenir une riposte régionale efficace à l’échelle du continent africain. Cette dernière repose sur cinq piliers : une collaboration accrue entre les systèmes de santé des différents pays ; le renforcement de la surveillance pour déterminer l’ampleur de la propagation d’Anopheles stephensi ; l’amélioration de l’échange d’informations sur la présence du moustique ; l’élaboration d’orientations pour les programmes nationaux de lutte contre le paludisme ; la priorisation de la recherche pour évaluer l’impact des interventions et des outils déployés. Les leçons tirées du traitement de l’Anopheles stephensi en Inde, où le moustique a déjà provoqué des épidémies de paludisme en milieu urbain, pourraient également être utiles. L’instauration de normes strictes pour encadrer le stockage de l’eau s’est notamment révélée efficace pour freiner sa propagation.

Approuvé en 2021 par l’OMS, le vaccin RTS,S qui agit en créant des anticorps contre Plasmodium falciparum, forme la plus mortelle des parasites du paludisme, représente également un espoir. L’OMS coordonne actuellement un programme pilote visant à distribuer le vaccin dans certaines régions du Ghana, du Kenya et du Malawi. Au Kenya, une campagne vaccinale menée sur les bords du lac Victoria a d’ores et déjà permis la réduction de 30 % des cas sévères. Des résultats encourageants qui poussent l’OMS à étendre la campagne vaccinale à d’autres pays du continent d’ici 2025.